Chamatkar
Traduction : Miracles
Langue | Hindi |
Genre | Comédie fantastique |
Dir. Photo | Carlton D’Mello |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Naseeruddin Shah, Urmila Matondkar, Johnny Lever, Shammi Kapoor, Ashutosh Gowariker, Deven Verma |
Dir. Musical | Anu Malik |
Parolier | Anand Bakshi |
Chanteurs | Kumar Sanu, Asha Bhosle, Udit Narayan, Nandu Bhendu, Poornima, Sukhwinder Singh, Alka Yagnik |
Producteur | Parvesh Mehra |
Durée | 171 mn |
Chamatkar est le deuxième des quatre films de Shah Rukh Khan sortis dans l’année 1992, quelques jours seulement après Deewana qui lui a apporté son premier grand succès. On retrouve l’acteur dans un rôle de gentil garçon, avant les emplois de méchant ou de psychopathe dans lesquels il a excellé peu de temps après, comme dans Baazigar ou Darr. Dans le film de Rajiv Mehra, il est Sunder Srivastava, jeune professeur désargenté dont le rêve est de construire une école dans son village.
Pauvre Sunder, plein de rêves et d’illusions ! Il se fait d’abord escroquer par un ami d’enfance, Prem, qui lui « emprunte » toutes ses économies afin, dit-il, de préparer le voyage de notre héros à Dubaï, ville où il est censé faire fortune. Prem lui demande de le rejoindre à Bombay où il va s’occuper des formalités. Bien sûr, à peine arrivé à Bombay, Sunder s’aperçoit que Prem s’est volatilisé. Il se fait, de surcroit, délester de ses bagages et du peu d’argent qui lui restait.
Seul et sans une roupie en poche, notre naïf trouve refuge pour sa première nuit bombayite dans un cimetière. Alors qu’il s’installe sur une tombe au hasard pour y gémir et s’y reposer, le fantôme d’Amar Kumar, alias Marco (Naseeruddin Shah), lui apparaît. Et Sunder semble être le seul à le voir.
Après l’avoir tiré des griffes de trois voyous conspirant à proximité, Marco raconte à Sunder comment il a été assassiné et jeté dans cette tombe vingt ans plus tôt. Il était alors un puissant mafieux qui avait choisi de se repentir par amour pour Savitri (Malvika Tiwari), fille de Monsieur Kaul (Shammi Kapoor). Mais, au lendemain de son mariage, et avant de pouvoir se rendre, il a été tué par Kunta, son bras droit (l’excellent Tinnu Anand). Marco demande à Sunder de l’aider à se venger ; en échange, il l’aidera à trouver un emploi.
Marco commence par conduire Sunder dans l’école dirigée par son ancien beau-père… Sunder y retrouve — heureuse coïncidence ! — une jeune fille rencontrée dans le train, Mala (Urmila Matondkar), qui se trouve être la fille de Marco. Par la faute de Kunta qui a prétendu que Marco avait fui à l’étranger, cette dernière croit que son père les a abandonnées, elle et sa mère, morte de chagrin.
Faute de moyens suffisants, l’établissement de Monsieur Kaul est aujourd’hui menacé de fermeture et l’odieux Kunta espère récupérer le terrain. Mais Sunder, grâce à Marco, obtient le poste d’entraîneur de l’équipe de cricket de l’école. En effet, un match déterminant doit avoir lieu afin de collecter des fonds pour la sauver.
Après plusieurs épisodes hilarants du même tonneau, l’invisible mais tout puissant et malicieux Marco, assure la victoire de l’équipe entraînée par Sunder. Bien entendu, Marco a triché honteusement, faisant des croche-pieds aux joueurs de l’équipe adverse, retenant leurs bras ou détournant les balles.
Kunta, furieux enlève alors Mala et Sunder et les enterre vivants dans la tombe même où il avait jeté Marco… Aîe, aïe, aïe, comment cela va-t-il se terminer pour les tourtereaux ? Après vingt et un ans, nous croyons pouvoir dévoiler la fin du film. Conseil à l’attention des cinéphiles et shahrukhophiles (si, si, ça existe !, je viens de l’inventer) qui n’en auraient jamais entendu parler et qui découvriraient le film : sautez le paragraphe qui suit ! En fait, ce n’est pas le Happy ending attendu qui importe, mais plutôt la manière dont il est amené.
Marco dirige la police vers le cimetière et sauve Mala et Sunder. S’ensuit un affrontement entre Kunta, sa bande et les policiers. Marco tente de se faire justice lui-même et de tuer Kunta, mais un seul mot de Mala le convainc de pardonner et de laisser le criminel à la justice. Son âme est alors sauvée et monte au ciel, tandis que Mala et Sunder se marient. Comment Mala a-t-elle persuadé si facilement Marco de ne pas se venger ? C’est la vraie question.
Disons-le, Chamatkar n’est pas le meilleur film du jeune Shah Rukh Khan. L’acteur ne semble pas toujours sûr de sa gestuelle ni de ses expressions faciales. Trois ans plus tard, il va enfin montrer toute l’étendue de son talent, dans un autre film de Rajiv Mehra, Ram Jaane. Face à lui, son partenaire principal, le grand Naseeruddin Shah est parfaitement à l’aise et se permet même, le temps d’une scène de magie, un duo dansé — ce qui est rare dans sa filmographie —, avec Sunder-Shah Rukh. Il a cependant l’élégance de ne pas en faire trop, dans un rôle qui pouvait aisément le conduire à un cabotinage éhonté.
Les autres acteurs sont corrects. Urmila Matondkar, à l’âge tendre de 18 ans, avec déjà plus d’une dizaine de films à son actif, n’est pas encore la talentueuse danseuse qu’elle deviendra ensuite et sa prestation est plutôt quelconque. Les seconds rôles s’en tirent plutôt bien : Johnny Lever, égal à lui-même dans un petit numéro comique, Shammi Kapoor, en directeur d’école et grand-père affectueux, et surtout Tinnu Anand, en affreux méchant qu’on a plaisir à détester.
Le scénario est, une fois de plus, emprunté à Hollywood. En effet, le film est le remake d’un film américain de 1968, le Fantôme de Barbe noire de Robert Stevenson avec, dans le rôle du fantôme, Peter Ustinov.
La musique d’Anu Malik est agréable, mais aisément oubliable. Toutefois, deux morceaux sont assez jubilatoires : la première chanson, Bichoo o Bichoo, à cause du second degré qu’elle suppose (Sunder s’est égaré dans un compartiment pour femmes et se trouve pourchassé par une escouade de jeunes filles qui entonnent « le scorpion, le scorpion, attrapez-le, battez-le, le scorpion va me manger, etc. »), et le duo déjà mentionné, Dekho Dekho Chamatkar.
Les effets spéciaux, vieillis, ont un air bricolé de film à très petit budget. Toujours dans Dekho Dekho Chamatkar, par exemple, lorsque Sunder danse avec Marco, au milieu d’un cercle de spectateurs, et que ces derniers voient seulement ses chaussures vides bouger en cadence aux côtés du jeune homme, l’incrustation dans l’image laisse apparaître le bas du pantalon ; les nez et les joues des méchants sont filmés collés derrière une vitre lorsque ceux-ci reçoivent les coups de poing du fantôme invisible pour eux, etc.
Mais ces maladresses ne gâchent pas le plaisir de quelques gags irrésistibles. On ne peut s’empêcher de rire devant les facéties du fantôme, en particulier pendant le match de cricket, comme devant les mines déconfites des souffre-douleur de service à chaque fois qu’ils ont affaire à Marco, grâce à une utilisation efficace, car limitée, du comique de répétition.
Et si on prend ce film pour ce qu’il est, un divertissement populaire et familial sans prétention, Chamatkar, malgré ses limites, conserve un charme qui le rend très agréable à regarder ou à revoir.