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Kala Pani

Traduction : Les eaux noires

Bande originale

Aattirambile Kombile
Chempoove Poove
Kottum Kuzhal Vizhi
Marikkoodinullil
Vande Mataram [Kala Pani]

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 23 mars 2009

Note :
(8/10)

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Inde, 1915 : peu après son mariage avec Parvathi (Tabu), Govardhan (Mohanlal) est arrêté pour un attentat meurtrier qu’il n’a pas commis, et condamné à la prison à perpétuité. Pendant le trajet en bateau qui le mène jusqu’au bagne de Port Blair, sur les lointaines îles Andaman, il comprend rapidement comment sont traités les prisonniers : l’un d’entre eux ayant la variole, le capitaine britannique du navire l’exécute et le fait jeter par dessus bord, ainsi que tous ceux qui l’ont côtoyé.

Arrivé à destination, Govardhan découvre la sinistre prison, dirigée par le sadique David Berry et son homme de main, l’Afghan Mirza Khan (Amrish Puri) : n’hésitant pas à semer la discorde entre les détenus de religions différentes, ils commettent régulièrement des exactions, et répriment durement toute résistance, en particulier les tentatives d’évasion…

Grosse production tournée dans plusieurs langues, Kala Pani compte parmi les plus belles réussites du réalisateur malayalam Priyadarshan, qu’on connaît plus dans les années 2000 pour ses médiocres comédies en hindi, et de son ami de longue date Mohanlal (Bharatam, Thanmatra, Manichitrathazhu), grande vedette également originaire de l’état du Kerala. Malgré quelques concessions au masala, comme la romance très naturelle entre le héros et la talentueuse Tabu ou les deux magnifiques chansons d’Ilayaraja qui émaillent le film, le cinéaste livre un drame pénitentiaire extrêmement violent, on peut même parler d’un film coup-de-poing.

Avec un réalisme remarquable, il jette son protagoniste idéaliste, l’émouvant Mohanlal, dans un environnement carcéral impitoyable dont le directeur, incarné par le peu charismatique acteur anglais Alex Draper (en gros le seul point faible du film), abuse de son pouvoir dès qu’il en a l’occasion : supplices divers, tortures, exécutions sommaires, aucun sévice ne nous est épargné.

Il dirige d’ailleurs l’établissement pénitentiaire avec une telle cruauté que même ses supérieurs finissent par être au courant et décident d’y envoyer un fonctionnaire pour interroger les prisonniers sur leurs conditions d’incarcération ; cet épisode permet d’éviter la diabolisation en bloc des colons anglais, tout comme la présence dans le film d’un personnage de médecin britannique parlant hindi prêt à dénoncer l’injustice régnant dans la prison, et à tout entreprendre afin d’obtenir la libération de notre héros innocent.

Outre les superbes Mohanlal et Tabu, le personnage le plus mémorable de Kala Pani est, comme souvent dans des rôles de méchants, le génial Amrish Puri, qui excelle dans son rôle de garde-chiourme, peut-être son plus pervers depuis Indiana Jones Et Le Temple Maudit, dans lequel son personnage arrachait à mains nues le cœur de ses victimes sacrifiées à la déesse Kali ; ici, les humiliations atroces qu’il fait subir aux prisonniers frisent également la barbarie, avec une ou deux trouvailles sadiques à peu près jamais vues sur un écran de cinéma. Le réalisateur ose d’ailleurs aborder de front plusieurs thèmes dérangeants, comme le cannibalisme en tant qu’ultime moyen de survie.

Ce film d’époque engagé est donc à la fois l’un des films indiens les plus impressionnants des années 90, et une grande référence du genre du drame carcéral au niveau international, un film d’une brutalité et d’une force rares, une œuvre jalonnée de nombreuses séquences marquantes, ambitieuse, provocatrice, mais également d’une vraie sensibilité.

L’année suivante, Priyadarshan réalisera un autre film bouleversant : Virasat.

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