Ghulam
Traduction : Esclave
Langue | Hindi |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Teja |
Acteurs | Aamir Khan, Rani Mukherjee, Rajit Kapur, Deepak Tijori, Sharat Saxena, Dalip Tahil, Ashutosh Rana, Razak Khan |
Dir. Musical | Jatin-Lalit |
Paroliers | Sameer, Indeevar, Vinod Mahendra, Nitin Raikwar |
Chanteurs | Kumar Sanu, Udit Narayan, Alka Yagnik, Aamir Khan |
Producteur | Mukesh Bhatt |
Durée | 162 mn |
Siddharth (Aamir Khan) est un petit boxeur, et une petite frappe à mi-temps : habitué des tribunaux pour divers délits, sourd aux recommandations de son avocate, il n’a pas de scrupule à croiser de temps en temps la route de Raunak Singh (Sharat Saxena), un gangster qui fait la loi dans son quartier. Il fait alors la connaissance de la belle Alisha (Rani Mukherjee), issue d’une famille aisée, qui traîne avec une bande de jeunes à moto, et tous deux ne tardent pas à tomber amoureux. Il rencontre aussi Hari, un assistant social dont l’engagement lui rappelle son père. Lorsque Siddharth apprend que Raunak Singh a commandité l’assassinat de Hari parce qu’il commençait à devenir gênant dans le quartier, il décide de témoigner contre le criminel…
On connaît avant tout Aamir Khan comme l’une des grandes stars du cinéma hindi des années 2000, avec des chefs-d’œuvre d’un réalisme inhabituel à Bollywood comme Lagaan et Dil Chahta Hai. Ghulam est, au contraire, l’un des derniers films commerciaux sans grande ambition que l’acteur tournait encore dans les années 90 (avec des exceptions cependant, comme Akele Hum Akele Tum, un beau petit remake de Kramer Contre Kramer avec Dustin Hoffman). Déjà une grande vedette, il y faisait preuve d’une certaine finesse dans l’interprétation, ce qui le distingue depuis toujours du jeu plus artificiel et cabotin des deux autres "grands Khan" de sa génération, Shah Rukh et Salman.
Avec un protagoniste aussi naturel, il est donc décevant de constater que la toute jeune Rani Mukherjee, dans son deuxième film, soit limitée ici à l’incontournable rôle du faire-valoir féminin ; à sa décharge, elle est scandaleusement affublée d’un timbre qui n’a rien à voir avec sa voix rauque si particulière, un doublage qui enlève pas mal de charme à l’ensemble, surtout quand elle surjoue dans certaines scènes comiques.
Pour continuer avec les menues faiblesses du film, les flash-backs du héros expliquant son traumatisme lié à son père, incarné par le méchant occasionnel Dalip Tahil, ont vieilli. Quant aux chansons, elles sont très routinières, en partie tournées dans de beaux paysages selon la mode de l’époque, pas désagréables, bien que le duo de compositeurs Jatin-Lalit nous ait habitué à nettement mieux par la suite, comme avec les quasi-chefs-d’œuvre que sont les bandes originales de Mohabbatein et La Famille Indienne ; à noter que les mythiques Amitabh et Jaya Bachchan reprendront brièvement dans ce dernier film Aati Kya Kandala, qui est ici chantée dans sa version originale par Aamir lui-même.
Les scènes d’action constituent par contre un point positif : la rivalité d’Aamir avec la bande de bikers casse-cou au grand cœur est amusante, et donne lieu entre autres à une épreuve dangereuse que le voyou solitaire doit réussir s’il veut les impressionner.
Le film nous propose également quelques combats assez violents, comme un sympathique match de boxe d’Aamir, ainsi qu’un combat de rue entre notre héros et l’ignoble gangster que les spectateurs rythment ironiquement d’encouragements typiques des spectateurs de boxe, entonnant en chœur le compte de dix à chaque fois que l’un des deux pugilistes "va au tapis"… La scène n’en est que plus crédible avec un méchant d’épaisseur comme Sharat Saxena, au sommet de sa vilenie dans les années 90 où, dans des rôles d’homme de main, il cherchait régulièrement des noises au bagarreur Sunny Deol (Ghayal, Ziddi).
Si l’on ajoute à cela le bon technicien et amateur de films de genre qu’est Vikram Bhatt, auteur de polars/suspenses comme Footpath et Aetbaar (on peut même étendre ces qualités au clan Bhatt, qui produit le long-métrage), on obtient un film dans lequel la romance ne prend pas trop le dessus, qui évite plutôt bien les excès irréalistes du masala. Certes, Aamir a joué dans des oeuvres plus exigeantes, comme Earth la même année et d’autres qui ont suivi, mais Ghulam est loin d’être déshonorant dans sa carrière, en tant que sympathique petite série B sans trop de longueurs, qu’il sauve par sa sobriété d’acteur.