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Satyam Shivam Sundaram

Traduction : Vérité, Bonté, Beauté

Bande originale

Satyam Shivam Sundaram
Bhor Bhaye Panghat Pe
Woh Aurat Hai Too Mehbooba
Chanchal Sheetal Nirmal Komal
Saiyan Nikas Gaye
Suni Jo Unke Aane Ki Aahat
Yashomati Maiya Se Bole Nandlala
Yashomati Maiya Se Bole Nandlala (II)
Shree Radha Mohan Shyam Shobhan
Shri Radhamohan

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 7 janvier 2007

Note :
(8/10)

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Ce film est un grand classique de Bollywood, mention « sulfureux ». Il a été réalisé et produit par Raj Kapoor avec l’icône des années 70, Zeenat Aman. Le succès de ce film tient essentiellement aux charmes de l’actrice , que le réalisateur a superbement mis en valeur : on a l’impression que le film a été fait pour elle, et même si le couple qu’elle forme à l’écran avec Shashi Kapoor est un des plus célèbres de cette période, elle l’éclipse dès qu’elle apparaît.

Rupa (Zeenat Aman) porte le poids d’un destin malheureux : sa mère est morte en la mettant au monde et elle s’est gravement brûlée étant enfant, ce qui a l’a défigurée. Son père et le village tout entier lui reprochent d’avoir le mauvais oeil, seul son oncle lui témoigne de l’affection. Pourtant elle chante divinement bien, c’est elle qui à l’aube est la première au temple, chantant les Dieux, appelant les fidèles à la prière.

Et lorsqu’elle voile la partie mutilée de son visage, on ne voit plus qu’une jeune femme aussi triste que belle. Elle accepte son sort sans se plaindre, se reprochant surtout d’être un poids pour son père qui lui cherche un mari, sans succès.
Son destin va basculer le jour où un jeune ingénieur arrive, Rajiv (Shashi Kapoor) vient réparer le barrage voisin et tombe amoureux de la voix de Rupa, de sa silhouette et de la pureté de son visage entrevu…

Ce film a son rythme propre, il vaut mieux prévenir que l’essentiel de l’action est concentré dans la dernière demi-heure. Il faut prendre son temps pour apprécier Satyam Shivam Sundaram, oublier la « zapette », se laisser bercer par les courbes de Zeenat et les superbes mélodies de Laxmikant Pyarelal. Il n’y a pas moins de dix chansons, aussi belles les unes que les autres, qui représentent autant d’étapes dans la vie de Rupa. Pas de chorégraphies -dommage, on aurait bien aimé voir la belle Zeenat danser- mais plutôt des hymnes à sa sensualité, on sent que les costumes (très peu couvrants), les mouvements de la caméra, les décors même sont essentiellement tournés vers cet objectif : magnifier ce visage, ce corps, ces ondoiements qui captivent même lorsqu’elle ne fait que marcher de dos et s’éloigner…

La plus connue de ces chansons est Bhol Bhaye Panghat Pe, scène d’anthologie où Zeenat Aman danse sous une cascade : seule dans la nature, Rupa joue à être Radha, enfin libérée de ses complexes, sans savoir que Krishna est là, dissimulé, envoûté (et nous avec)…

Les autres chansons sont également très belles, dont deux chants dévotionnels : Satyam Shivam Sundaram qui se déroule dans un temple, servi par les modulations de Lata Mangeshkar au summum de son art, et Yashomati maiya se, en deux parties, la première est jouée par une enfant, la seconde par une jeune femme qui joue de sa séduction, et toutes les deux sont aussi jolies qu’émouvantes. A noter, Chanchal Sheetal Nirmal, Rupa rêve et se retrouve dans un de ces décors incroyables dont Raj Kapoor a le secret ( cf Awaara), une sorte de jardin des dieux kitchissime, mais on oublie d’en sourire dès que Zeenat Aman apparaît en gros plan, dans toute sa splendeur…

La réalisation de Raj Kapoor est classique sans plus (moins recherchée que pour Awaara ou Sangam), le seul bémol concerne l’emploi à répétition d’un filtre de couleur sur les images, qui faisait effectivement fureur dans les années 70 et dont on se passerait bien aujourd’hui. Le film est tourné en grande partie en extérieur, avec un mélange étonnant de nature transcendée (cascades, arbres en fleur, flots bouillonnants…) et de réalisme social, avec un temple, un village, des maisons qui n’ont rien de « bollywoodiens », notamment la petite maison de terre séchée de Rupa et la maison en tôle de l’ingénieur. Le temple, élément central du film et du village, est particulièrement réussi.

Mais ce que les spectateurs ont surtout retenu du film en 1978, c’est l’audace du réalisateur dans sa façon de filmer Zeenat Aman : jamais on n’avait vu dans le cinéma hindi le corps d’une actrice aussi dénudé, aussi exposé, aussi ouvertement sensuel, dans des tenues qui tiennent plus du bikini-paréo (mini, le paréo) que du sari. Les critiques ont même reproché à Raj Kapoor de montrer dans ce film plus de corps que d’âme, ce qui est en contradiction avec le thème même du film ; mais on peut comprendre le choc créé par l’anatomie révélée de l’actrice.

Pourtant, Zeenat Aman interprète Rupa avec beaucoup de sensibilité, Raj Kapoor ne s’intéresse pas qu’à ses formes (rupa) mais lui donne aussi l’occasion de nous montrer la palette de son jeu, tout en finesse, en regards. Shashi Kapoor (le jeune frère de Raj) compose un jeune ingénieur fougueux, amoureux, aveuglé par sa passion (et le matérialisme ?).

Si on s’intéresse au sens de Satyam Shivam Sundaram, le film prend une autre profondeur. Ces mots, dans la religion hindouiste, sont utilisés ensemble pour caractériser la façon d’être hindou « l’hindu way of life ». Ils signifient Vérité, Bonté, Beauté.
Raj Kapoor a sa propre interprétation de cette formule, il nous interroge sur l’être et le paraître : on a tendance à considérer comme Vérité ce qui n’est qu’apparence, comme Dieu ce qui n’est qu’une pierre, comme Beauté ce qui n’est qu’illusion. Mais avec la force de la foi et de l’humilité, alors la Vérité dévoile les êtres tels qu’ils sont, alors Dieu révèle sa puissance, alors la Beauté naît de l’amour.
Le grand Raj, une fois encore, sous couvert d’une histoire en apparence simple et divertissante, nous entraîne bien loin dans ses réflexions et sa vision du monde !

Aussi, même si la première partie est lente, même si le scénario est plutôt minimaliste, on reste sous le charme de Satyam Shivam Sundaram. Aujourd’hui le corps dévoilé de l’actrice ne choque plus, ce qui nous fait peut-être mieux apprécier la force du message, la voix de Lata et les grands yeux tristes de Zeenat, pour longtemps ancrés dans nos mémoires.

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