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Parineeta

Traduction : Une femme mariée

Bande originale

Piyu Bole
Kasto Mazza
Soona Man Ka Aangan
Kaisi Paheli Zindagani
Raat Hamari Toh
Hui Main Parineeta
Dhinak Dhinak Dha

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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974, Maya - le 15 novembre 2006

Note :
(7/10)

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L’avis de Suraj - 8/10

Parineeta est adapté d’un livre homonyme du célèbre romancier bengali Sarat Chandra Chattopadhyay, plus connu pour être l’auteur du roman plusieurs fois adapté, Devdas. Parineeta a déjà été porté à l’écran (notamment) par Bimal Roy dans les années 50. De même que Bhansali avait apporté à Devdas un éclairage personnel, Pradip Sarkar porte sur Parineeta un regard un peu plus contemporain. L’histoire d’origine se situait dans la Calcutta britannique des années 20, mais il l’a resitué dans les années 60, toujours au coeur des milieux nantis.

Lolita (Vidya Balan) est orpheline et part vivre très jeune chez son oncle, un riche homme d’affaire bengali, et son fils Shekar (Saif Ali Khan). Ils grandissent ensemble, partageant joies tristesses et expériences. Une profonde amitié fondée sur une confiance mutuelle indéfectible se scelle entre eux, sans qu’ils s’aperçoivent que ce lien va bien au-delà.
Mais le père de Shekar, qui n’a jamais vraiment considéré Lolita, pense marier son fils à la fille d’un collègue d’affaires. Pour ne rien arranger, un jour Girish (Sanjay Dutt), un businessman londonien, arrive dans leur famille et se rapproche de Lolita.
Cette intrusion dans leur relation va faire exploser les non-dits, voler en éclat l’innocence de Lolita et Shekar, les faire entrer de force dans l’âge adulte en confrontant leurs ego respectifs… Leur amour naissant y survivra-t-il…

Les comparaisons avec Devdas sont inévitables, tant les deux histoires brassent des thèmes communs : amour d’enfance sur fond de conflits d’intérêts entre familles riches et pauvres. Choc d’ego entre les amoureux. Même les personnages sont assez similaires, avec des personnalités bien marquées. Shekar n’est pas sans rappeler Devdas, c’est le même fils de riche, égocentrique et possessif, dominé par son père et qui ne supporte pas d’être contrarié - c’est l’amant intense et sincère qui perd les pédales dès qu’il ne peut avoir celle qu’il aime.
Lolita tout comme Parvati est une femme forte, qui ne s’en laisse pas compter ; la famille de Paro était pauvre dans Devdas, Lolita est orpheline, ce qui est finalement assez similaire.

La différence entre les deux films réside essentiellement dans le traitement. Parineeta a un parti-pris simple et réaliste là où Devdas était dans une magnificence visuelle ostentatoire digne des mille et une nuits. Le fait de resituer l’histoire dans les années 60, après l’indépendance de l’Inde, a pour effet de rapprocher littéralement les personnages de nous : point de costume ni de palais luxuriant mais des gens habillés presque comme maintenant et des demeures certes richement décorées, mais bien actuelles.

La différence s’exprime également dans la mise en scène, plus ‘intimiste’ : elle brosse les personnages avec finesse en insistant sur leur psychologie et la complexité de leurs relations, sans pour autant mettre trop d’emphase dans le développement du drame. C’est à la fois la qualité et le défaut du film : les personnages sont touchants car crédibles, mais l’histoire ne l’est pas forcément - l’anti-Karan Johar en somme.
Les rôles sont brillamment interprétés par des acteurs excellents - et sûrement très bien dirigés aussi. Vidya Balan dont c’est le premier film, est impressionnante dans le rôle titre : elle l’interprète avec une assurance et une justesse parfaites. Charmante, dotée d’un sourire magnifique, on n’a aucune peine à s’identifier à elle et à croire en l’amour que Shekar lui porte. Elle a une présence à l’écran qui illumine véritablement le film, elle est à elle seule pour beaucoup dans sa réussite… Elle rivalise sans peine avec Saif Ali Khan. Ce dernier est également excellent, son jeu a acquis une véritable maturité et il rend brillamment toutes les facettes de son personnage, plus complexe qu’il n’y paraît. Sanjay Dutt dans le rôle clé qui déclenche le drame, est convaincant.

Pradip Sarkar est issu de la publicité, et cela se ressent dans le soin esthétique dont le film a fait l’objet. Chaque image est impeccablement travaillée, comme un tableau où la lumière et les décors ne sont jamais laissés au hasard. C’est visuellement un vrai régal.

Et que dire de la musique… elle est l’oeuvre de Shantanu Moitra, qui signe là sa toute première bande originale de film… une véritable splendeur. Ce n’est pas le genre de musique qui cartonne dans les ‘charts’, elle est calme et toute en mélodie. Le compositeur capte toute la dimension intimiste du film, en la démultipliant par cent. Les mélodies sont belles à pleurer, le travail des voix parfait, les arrangements sont originaux (ah, la guitare dans Piyu bole…) et le tout s’articule bien avec l’histoire - le seul bémol serait pour la chanson jazzy ‘ambiance moulin rouge’ (en français dans le texte) avec Rekha, qui n’apporte pas grand chose même si elle est belle.
C’est pour ma part tout simplement la plus belle BO de film hindi qu’il m’ait été donné d’écouter depuis Dil Sé.

Parineeta porte la patte de son producteur Vidhu Vinod Chopra, probablement le meilleur producteur actuellement à Bollywood. On y retrouve le même souci d’excellence technique, à mi-chemin entre des exigences d’auteur et une sensibilité grand public. Il a eu assez de courage et de flair pour regrouper de jeunes talents : Pradip Sarkar le réalisateur, Shantanu Moitra à la musique et Vidya Balan dans le rôle principal, font tous leurs premiers pas au cinéma et on ne peut pas le soupçonner, tant ils sont déjà impeccables de maîtrise.

Si Parineeta n’est pas parfait, loin s’en faut, le film est donc une vraie réussite. Les quelques défauts dus à une narration pas encore totalement maîtrisée, sont largement compensés par les interprétations mémorables, un visuel superbe, une musique inoubliable, le tout mis en scène avec une intensité qui condense en seulement deux heures quinze tous les ingrédients d’un drame classique de trois heures, sans qu’on s’en rende compte.
Ceux qui ont aimé Devdas devraient être conquis… les autres aussi !

L’avis de Maya - 6/10

Ceux qui ont aimé Devdas de Bimal Roy, millésime 1955, devraient aimer Parineeta, car on y retrouve le même intimisme, les mêmes non-dits, la même sobriété de sentiments peu exprimés, très refoulés, avec des situations sciemment banales et des personnages muets devant leur incapacité à assumer leur amour.
En revanche ceux qui, comme moi, ont préféré Devdas 2003, les émotions exprimées avec flamboyance, les dialogues de Parvati et Chandramukhi, les ressorts dramatiques puissamment développés, le sens aigu de la dramaturgie de Bhansali, ceux-là risquent d’être frustrés, déçus, voire ennuyés. Dans Parineeta les événements se veulent déterminants mais font plutôt l’effet de pétards mouillés, le scénario a bien prévu les ressorts nécessaires à l’émotion mais la réalisation est laborieuse et manque de souffle, notamment dans la scène du dénouement.

La charmante Vidya a beau pleurer presque à chaque scène, elle ne suscite guère que la compassion. L’excellent Saif est loin de l’ambiguïté qui fait tout son charme dans Being Cyrus, Ek Hasina Thi ou Omkara : ici il se contente de jouer l’enfant gâté grognon du début à la fin, ce devient crispant. En vain on guette un vrai sourire, un peu d’amour dans le regard, l’envie de séduire. Rien, au mieux du désir -et encore, il semble le regretter. Pour être honnête, une belle scène au piano le fait sortir de ses moues boudeuses… juste une scène.
Sanjay Dutt tire mieux son épingle du jeu, avec des attitudes différentes selon les épisodes, même s’il semble perpétuellement s’excuser d’exister.

Le scénario est curieusement construit, comme des cercles concentriques où on retrouve les mêmes situations jouées à des époques distinctes et dans des états d’esprit différents. Cela semble être une bonne idée a priori, mais l’impression de redondance prédomine et on se perd un peu dans les flash back et la chronologie.

Parineeta est certes un joli film, les images sont soignées, une attention presque maniaque est apportée à la couleur et à cette ambiance « à l’ancienne » qui fait d’ailleurs plus penser aux années 40 qu’aux années 60.

Mais il manque pour moi l’essentiel : l’émotion ! Pas forcément celle d’un Bhansali, d’un Johar ou d’un Chopra, l’ambiance feutrée de Parineeta est plus proche des films de Rituparno Ghosh ; mais la comparaison n’est pas non plus en faveur de Pradip Sarkar, ses personnages et son scénario sont loin d’avoir la profondeur et la subtilité de Chokher Bali ou Raincoat.

Quant à la musique, elle ne me laisse hélas aucun souvenir, même après avoir revu le film (pour les besoins de l’article). Les mélodies sont agréables et douces, elles servent bien le propos mais elles manquent de personnalité. Et je ne comprends toujours pas pourquoi le film a eu un Filmfare Award de la chorégraphie alors qu’il n’y a aucune scène de danse !

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