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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 15 novembre 2004

Note :
(7/10)

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Un film indien qui se déroule à Paris et qui parle anglais, qui s’appelle One dollar Curry en pleine zone euro… original, non ? Evidemment, pour nous Français, c’est un peu difficile d’y croire, la langue constitue un barrage constant à la crédibilité de l’histoire. Mais on peut imaginer que pour un public anglais ou indien, cela soit sans aucune importance. Et puis "One Euro Curry", franchement, ne fonctionnerait pas. Alors mettons-nous dans la peau d’un citoyen du monde, et savourons les sous-titres français, impeccables pour une fois.

Ce brouillage culturel sied bien à un film dont le thème central n’est pas "les tribulations d’un émigré indien", comme on pourrait le croire, mais le mensonge, l’entourloupe, la mystification, érigée en philosophie et en mode de vie. Le mot qui revient le plus souvent est "chakarbaz" (escroc)…Traduit en anglais ou en français, le mot eut-il été trop cru ?!
Notre héros, Nishan (Vikram Chatwal), est un jeune Sikh fraîchement débarqué à Paris, qui serait perdu sans l’amitié indéfectible de Fixer (Trevor Stephens), Jamaïcain athlétique, roi de la débrouille, qui a tôt fait de l’initier aux règles de la survie : endosser une identité compatible avec un espoir de réussite.

Puisque Nishan ne sait rien faire : il sera cuisinier. Il ne sait pas cuisiner ? qu’importe, les Parisiens avalent n’importe quoi, c’est bien connu. Après une première tentative de vente à la sauvette d’un "One dollar Curry " riche en péripéties, il décide de passer à l’échelon supérieur, en se faisant passer pour l’héritier d’une lignée de grands cuisiniers indiens ayant travaillé pour les Maharadjah, le Vice-Roi des Indes et W. Churchill. C’est alors que notre charmant Sikh croise le chemin de Nathalie (Gabriella Wright), journaliste en mal de reconnaissance télévisuelle, qui va l’aider pour qu’ils deviennent tous les deux des réussites médiatiques.

Ces affabulations donnent bien sûr lieu à maintes situations drolatiques, paniques vaudevillesques, grands moments culinaires, qui font souvent sourire. Mais si l’on a plaisir à reconnaître le Passage Brady et la rue Jarry, hauts lieux de la culture indienne à Paris, on reste perplexe devant l’univers parisien décrit par Vijay Singh, scénariste et réalisateur, Indien vivant à Paris. Un monde de duperie et de faux-semblants, de snobisme et de solitudes.

Le scénario est agréablement rythmé, la réalisation correcte même si on sent les moyens limités, les acteurs sont convaincants, Trevor Stephens notamment a beaucoup de présence à l’écran et Vikram Chatwal parvient à rendre son personnage émouvant. Il est drôle de savoir que dans la vie, cet acteur est propriétaire de restaurants indiens reconnus à New-York. La musique de Zakir Hussain fait beaucoup pour l’ambiance indienne, et l’on a même droit à deux scènes de danse traditionnelle (Kathak) interprétées par Smriti Mishra. Vijay Singh vit en France depuis ses années d’étudiant, il est écrivain avant d’être cinéaste (son premier film est "Jaya Ganga" en 96, sorti en France en 98) et reste avant tout un "conteur d’histoire".

One dollar Curry mérite d’être vu, ne serait-ce que pour soutenir la louable initiative de mettre en scène, produire, distribuer, promouvoir le cinéma indien en France, ou plutôt le cinéma franco-indien. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit en aucune façon d’un film "Bollywood".

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Le tournage Passage Brady (Vijay Singh à droite)
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