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Kavan

Traduction : Catapulte

LangueTamoul
GenreComédie dramatique
Dir. PhotoAbinandhan Ramanujam
ActeursJagan, Akashdeep Saigal, Vijay Sethupathi, T. Rajendar, Vikranth, Madonna Sebastian, Pandiarajan
Dir. MusicalHiphop Tamizha
ParoliersArunraja Kamaraj, Kabilan Vairamuthu
ChanteursVelmurugan, Hiphop Tamizha
ProducteursKalpathi S. Aghoram, Kalpathi S. Ganesh, Kalpathi S. Suresh
Durée160 mn

Bande originale

Happy New Year [Kavan]
Oxygen
Mathuraangalam
Theeratha Vilayattu Pillai
Boomerang

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Gandhi Tata - le 5 avril 2017

Note :
(4.5/10)

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K.V. Anand est un réalisateur touche-à-tout, qui aime varier les genres, à chaque nouveau projet. Sa filmographie éclectique reflète en quelque sorte ce penchant ; entre thriller (Kana Kandaen), fantastique (Anegan), action (Ayan) et politique (Ko), le cinéaste n’a jamais eu froid aux yeux au moment de s’aventurer hors des sentiers battus.

L’autre point fort du bonhomme est de continuer à séduire les acteurs en vogue qui veulent tous l’avoir à leur tableau de chasse. Ainsi, après Jeeva, Dhanush et Surya, le dernier à avoir succombé aux sirènes du cinéaste, n’est autre que l’homme du moment : Vijay Sethupathi. En 2016, il a réalisé un véritable grand chelem, avec cinq succès d’affilée : Kadhalum Kadanthu Pogum, Sethupathi, Iraivi, Dharma Durai et Aandavan Kattalai.

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K.V.Anand et Vijay Sethupathi sur le tournage de Kavan

L’acteur, entouré de sa partenaire de Kadhalum Kadanthu Pogum, Madonna Sebastian, et de l’icône des années 80, T. Rajender, forment la tête d’affiche de Kavan, un thriller médiatico-politique, dans la droite lignée de Ko, précédent film du genre, signé K.V. Anand.

De quoi ça parle ?
Après un cursus en école de cinéma, une rupture amoureuse et une carrière ratée de documentariste, Thilak (Vijay Sethupathi) se résigne à embrasser le journalisme par nécessité. Pour ce faire, il intègre une équipe de jeunes pigistes chez le géant des médias, Zen One TV, dirigé par le véreux et peu recommandable Kalyan. Le patron de la chaîne qui ne jure que par les taux d’audience, entretient des relations, plus que troubles, avec le politicien corrompu, Dheeran Maniarasu. Les activités anti-environnementales du politicard, sont sévèrement condamnées par un groupuscule de militants écolos qui mènent des opérations coup de poing à son encontre. Lorsque ce dernier décide de s’en prendre à ce mouvement, en envoyant ses hommes de main, les choses dégénèrent et la jeune activiste, prénommée Kalpana, est victime d’un viol en réunion. Après ce drame, Thilak et ses amis tenteront d’obtenir justice, alors que leur boss, Kalyan, fera tout pour blanchir Dheeran Maniarasu. L’affrontement, quelque peu déséquilibré de ces deux camps, va rythmer la suite de l’histoire.

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Thilak fait face à sa rédactrice en chef, bien décidée à étouffer l’affaire du viol de Kalpana

Le réalisateur K.V. Anand a opté pour le traditionnel découpage en deux parties : la première, introduit les personnages et présente les enjeux, alors que la seconde, lance littéralement les protagonistes dans l’arène médiatique pour un combat sans pitié. L’autre point crucial qui a été soigneusement omis, est que Kavan est un remake déguisé de Miss Sloane, le long-métrage de John Madden, avec Jessica Chastain. La seule différence est que l’univers des lobbies laisse place ici, au non moins impitoyable monde des médias, mais pour le reste, K.V. Anand a allègrement pompé l’œuvre originale, de sa mécanique aux personnages clés, jusqu’au rebondissement final. Kavan intègre une intrigue amoureuse et quelques altérations qui évitent, de justesse, la copie carbone éhontée, mais grosso modo Kavan est une version un peu balourde et satirique de Miss Sloane.

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Lobbying et Médias, deux mondes impitoyables, mais le même combat face aux puissants

Ce manque d’inspiration n’enlève pas à Kavan ses autres qualités qu’on perçoit dans sa très bonne première moitié. D’ailleurs, ça commence dès le générique de début, astucieusement pensé, pour présenter un à un les personnages principaux, ainsi que le théâtre des événements à venir : Zen One TV. Par la suite, le réalisateur donne très rapidement le "la", avec une scène d’émeute, totalement factice et orchestrée par la chaîne, pour faire le buzz. A partir de cet épisode, pas de doute possible : on sait que Kavan va être un objet filmique absurde, à mi-chemin entre satire et bouffonnerie, au ton caustique et décalé, qui va étriller la connivence entre des médias et les politiques. On peut regretter l’absence de réalisme et la multiplication des invraisemblances, mais la vulgarisation du sujet, avec parfois quelques exagérations, est un passage obligé pour atteindre un public plus large. Là où Miss Sloane cherchait à refléter fidèlement la complexité et les enjeux du lobbyisme dans les hautes sphères du pouvoir, avec un vocabulaire technique, Kavan va y aller au marqueur et à la pelleteuse, quitte à grossir les traits et caricaturer au possible les personnages, pour bien ancrer les différences.

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Les gentils, c’est nous ! Capish !?

Pour ma part, j’ai apprécié dans ce premier acte la découverte de ce milieu par Thilak, et le passage en revue de toutes les pratiques, ruses et combines télévisuelles. K.V. Anand s’en est donné à cœur joie, en étrillant les télé-crochets, émissions bidonnées, jurys manipulés, invités humiliés, interviews arrangées et autres montages tendancieux. Le cinéaste pointe clairement du doigt l’obsession de l’audimat des patrons de chaînes, la cruauté des producteurs exécutifs pour les satisfaire et le manque d’éthique assez affligeant, de l’ensemble du métier. Il pousse même l’exercice jusqu’à l’autodérision, en se mettant lui-même en scène, dans un passage où il quémande à la productrice une nomination pour le prix du meilleur réalisateur des Zen One TV Awards. C’est l’un des moments les plus drôles, mais aussi audacieux, du film, car l’industrie du cinéma tamoul, à l’instar d’Hollywood, est un cercle fermé où la critique est souvent malvenue. Bref, vous aurez compris que j’ai apprécié Kavan, jusqu’à l’entracte, car c’est drôle, corrosif, divertissant et même parfois instructif pour les néophytes en médias tamouls.

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Kalyan face à Thilak, avidité contre éthique

Fort malheureusement, c’est une toute autre histoire après l’intermission. Kavan se prend misérablement les pieds dans le tapis, sans jamais parvenir à redresser la barre, jusqu’à la toute fin. K.V.Anand commet l’erreur de conserver le même ton sarcastique du début, lorsque la situation s’aggrave, et les actes criminels succèdent aux petites fourberies pour gagner de l’audimat. Kavan perd parfaitement pied sur toute cette seconde partie, en devenant un peu l’arroseur arrosé. A l’image des manœuvres fallacieuses de Zen One TV, le film finit par broder une série de situations, aussi grotesques les unes que les autres. Si le choix de la satire était complètement assumé et au final, assez bien vu de la part du réalisateur, celui de faire basculer son long-métrage dans un genre assez indescriptible, de thriller d’action vaudevillesque l’était moins. "Kavan" qui veut dire catapulte, se jette tout seul dans le néant, pour ce qui s’apparente à de l’auto-sabotage en règle. Il termine tristement sa chute agonisante, après une succession de scènes, non seulement inconcevables, mais criantes de débilité.

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Y a t’il un réalisateur pour sauver ce film ?

Si d’un côté, on peut déplorer un scénario qui part totalement en vrille en seconde période, de l’autre, ce n’est pas non plus fameux sur l’écriture des personnages. K.V.Anand, comme bon nombre de ses collègues réalisateurs tamouls, semble avoir accordé toute son attention et mis tout son talent au service du personnage principal, Thilak. Il a juste, toutes les meilleures répliques et les meilleures scènes du film. Mais c’est normal ! Me direz-vous, étant donné que c’est le héros, pardi ! Sauf que, l’idée du film, n’est pas le combat d’un homme contre des médias corrompus, mais l’affrontement de deux camps aux antipodes, dont celui de Thilak, défendant une éthique. Mécaniquement, l’espace accordé à l’un, se fait au détriment de personnages forts (sur le papier) comme Kalyan, Dheeran Maniarasu, Abdul, Kapana, ou encore le très intéressant, Mayilvaganan, le chef un peu fauché, du très engagé Muthamizh TV.

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C’est toi qui monopolise toutes les répliques !?

Avec une répartition plus équilibrée, de l’influence sur l’histoire et de la présence, entre chaque personnage, leurs interactions auraient été plus passionnantes et le film aurait pris, alors, une toute autre dimension. Enfin, sachez que le rôle de Malar, la petite amie de Thilak est cruellement inutile, et pire, cette histoire d’amour forcée, plombe le rythme avec des chansons superflues. Si on ne doit retenir qu’une scène de Kavan, c’est incontestablement, celle de l’interview que Thilak mène face à Dheeran Maniarasu. Ce passage est un clin d’œil direct à celui du film culte Mudhalvan, où le journaliste confronte un ministre, sur ses manquements.

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Kavan revisite cette scène culte de Mudhalvan

C’est très mitigé pour les interprétations, pour la simple et bonne raison que les acteurs ont dû faire avec ce qui leur a été confié et que le seul parvenant à tirer son épingle du jeu, est bien évidemment le premier rôle. Tout d’abord, les méchants incarnés par Akashdeep Saighal (Kalyan) et Bose Venkat (Dheeran Maniarasu) sont en totale roue libre ! Akashdeep Saighal n’étant pas tamoulophone, a dû mimer ses répliques en vue d’un doublage de voix en postproduction. Sauf que l’acteur, n’ayant visiblement pas été dirigé, est dans un état second et raconte n’importe quoi en grimaçant tout au long du film. Je vous laisse imaginer le sort du doubleur voix qui a sans aucun doute eu toutes les peines du monde pour récupérer un tel massacre.

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Je dis ce que je veux ! Tu te débrouilles au moment du doublage ! Samjhe ! Mar Gaya Sala !

Quant à Bose Venkat, il n’est d’ordinaire pas très bon, et sans surprise, il n’est toujours pas bon. Madonna Sebastian hérite certainement du rôle féminin le plus ingrat, depuis ceux de Shruthi Hassan dans, laissez-moi réfléchir… tous ses films ! Bref, après d’excellents débuts dans Premam et Kadhalum Kadanthu Pogum, le personnage de Malar est un faux pas, à oublier au plus vite. En confiant le rôle de Mayilvaganan à l’ancien acteur, politicien et polémiste, T. Rajender, connu pour son franc-parler, K.V.Anand réalisait la vraie bonne opération du casting. Son charisme, sa présence, mais aussi ses talents d’orateur et de slammeur font qu’il est capable de s’approprier n’importe quel rôle en lui donnant une toute autre ampleur. Là encore, on reste sur notre faim, car T. Rajender a une présence réduite, et le réalisateur lui a demandé de faire du T. Rajender… Le vétéran est contraint de ressortir ses punchlines cultes, pour le plus grand plaisir de ses fans. Mais, d’une part on en attendait davantage et d’autre part, il vaut beaucoup mieux que jouer les gloires du passé… Dieu sait que le vieux briscard en a encore sous la semelle et il est cruel de l’avoir cantonné à un rôle de monument.

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T.Rajender aka T.R., l’ancêtre de tous les slammeurs (s’il y en a encore ?) tamouls

Enfin, le grand gagnant est… Et je l’ai gardé pour la fin, car je n’ai pas grand-chose à dire de plus sur lui, qu’en début article. Il s’agit bien de Vijay Sethupathi dont la copie est quasi-parfaite ! Il endosse à merveille le rôle de Thilak, avec cette aisance, cet humour et cette désinvolture qui font sa marque de fabrique. On craint souvent que l’acteur finisse par se répéter et se caricaturer avec son jeu, si reconnaissable et typique. Mais il a cette formidable capacité à repenser un rôle, en y apposant sa signature. Le résultat est toujours aussi cool et même jubilatoire, comme dans la scène de l’interview télé.


L’équipe technique a globalement fait du bon boulot qui reste dans les standards d’une grosse production tamoule. La photo du chef opérateur Abinandhan Ramanujam est de bonne facture, surtout les scènes de nuit et les clips musicaux qui sont filmés sans aucune fausse note. On ne peut pas en dire autant de la bande son inaudible d’Hiphop Tamizha qui déçoit fortement après Thani Oruvan. A l’exception de la chanson Oxygen qui reste le seul bon point de l’album, les thèmes musicaux et les autres titres plutôt électro et folk (dappa), tiennent du tapage pouvant donner la migraine. Cette bande originale nous rappelle que le jeune musicien qui est, à la base, un artiste de Hip Hop, a encore du chemin à parcourir avant de maîtriser l’exercice de la composition de musiques de film.


Après le succès modéré d’Anegan avec Dhanush, qui lui a permis notamment de rattraper le fiasco de Maattrraan, K.V. Anand est revenu aux sources avec Kavan. Il avait déjà abordé la thématique du pouvoir des médias dans Ko, qui reste à ce jour l’un de ses plus gros succès au box-office. On peut dire qu’avec Kavan et le choix de la satire, il s’y est pris de manière peu convaincante pour démontrer les liens étroits entre la politique et les médias.

Cette fascination pour le monde de la presse ne doit rien au hasard car il a lui-même débuté sa carrière en tant que photojournaliste en freelance, avant d’embrasser le métier du cinéma. D’ailleurs, il est devenu chef opérateur, suite au refus de sa candidature par le géant des médias indiens, India Today.


Après les complots politiciens de Ko, Kavan a tenté de passer au crible les coulisses des médias et leurs penchants, assez irresponsables, pour le sensationnalisme au détriment de l’information. Ce sujet brûlant fait directement écho, aux récents événements de l’actualité politique tamoule, secouée par des luttes intestines au sommet du pouvoir, depuis le décès de la dernière ministre en chef du Tamil Nadu, J. Jayalalithaa, en décembre 2016. Malgré ses prétentions et ses bonnes intentions perçues en première partie, Kavan loupe entièrement le coche après l’entracte. La seconde moitié est indigeste et le ton léger ne sied pas à la gravité de la situation. S’il n’est pas une réussite, Kavan est néanmoins un divertissement correct qui mérite au moins un visionnage pour la cool attitude de son acteur principal et quelques scènes drôles d’un premier acte assez honnête.

KAVAN (Catapulte) - FA EN VOSTFR from NIGHT ED FILMS on Vimeo.


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