Jewel Thief
Traduction : Le voleur de bijoux
Langue | Hindi |
Genres | Thriller, Classique |
Dir. Photo | V. Ratra |
Acteurs | Dev Anand, Vijayantimala, Ashok Kumar, Helen, Tanuja |
Dir. Musical | S. D. Burman |
Paroliers | Majrooh Sultanpuri, Shailendra |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Kishore Kumar, Mohammad Rafi, Bhupinder Singh |
Producteur | Dev Anand |
Durée | 172 mn |
Depuis plusieurs mois, un mystérieux voleur de bijoux fait la une des journaux partout en Inde. Insaisissable, il réalise des coups de plus en plus audacieux au nez et à la barbe des policiers sans que ceux-ci arrivent seulement à savoir à quoi il ressemble. Le commissaire de police de Bombay a juré de l’arrêter pour le 26 janvier, date de la fête nationale. Dans le même temps, son jeune fils Vinay (Dev Anand) avec qui il est brouillé depuis des années, réapparaît subitement en ville et trouve un emploi de vendeur dans une célèbre bijouterie. Non seulement il se révèle être un expert et prend rapidement du galon, mais en plus il s’attire les faveurs de la fille du riche bijoutier, la superbe Anjali (Tanuja).
Jusqu’au jour où une ravissante jeune femme, fraîchement débarquée à Bombay depuis la disparition de son mari Amar, croit le reconnaître en la personne de Vinay. Cet avis est confirmé par son frère (Ashok Kumar) qui l’accompagne, puis par plusieurs personnes en l’espace de quelques jours qui assurent l’avoir vu ailleurs. Il se dit victime du hasard et de la manipulation. Mais le doute s’installe : qui est vraiment Vinay ? Simple bijoutier ou voleur convaincant ? Victime ou manipulateur ?
Jewel Thief est un film à gros budget, auréolé de stars : Dev Anand, tombeur de l’époque, Vijayantimala et Tanuja, plus belles que jamais, et Vijay Anand, l’un des meilleurs réalisateurs des années 60 et 70.
Le film utilise à plein régime tous les codes et toutes les ficelles dont les grosses productions usent et abusent depuis toujours : héros fashion, héroïnes fragiles mais toujours glamour, décors luxueux, paysages exotiques (ici, l’Etat de Nizam au nord-est de l’Inde, ses montagnes, ses temples bouddhistes…), sans oublier le bon vieux coup du sosie permettant à l’acteur principal d’étaler son talent dans un double rôle.
La musique très réussie fut un hit, et nombre des chansons sont devenues des classiques qu’on a forcément déjà entendus quelque part. Les clips sont superbement mis en images, avec le sens de l’esthétique caractéristique de Vijay Anand. La chanson finale où Dev Anand danse avec des danseurs traditionnels est une réussite technique absolue. Tant les cadrages que la chorégraphie et la gestion de la tension dramatique liée à l’histoire mettent sans hésiter cette scène dans le tiercé de tête des séquences musicales les plus belles de cette époque.
C’est à l’image du film, on voit bien où l’argent a été mis… avec de bons comme de mauvais côtés puisque le look de l’acteur, fashion en 1967, est désormais totalement ringard. Mais tous ces gros moyens, toutes ces paillettes ne résument pas Jewel Thief.
Pendant toute la première partie du film on se demande vraiment où on veut nous emmener. L’intrigue assez floue - ce mystérieux voleur qu’on ne voit jamais - a de quoi déranger, même si elle nous offre un divertissement de première classe. Du moins le croit-on.
Car en fait Vijay Anand utilise pleinement toutes les ressources du genre pour mieux se jouer des codes du cinéma bollywoodien. Tout n’est que faux-semblants, glamour et illusion. L’histoire comporte de nombreux petits détails qui dérangent, des imperfections. Elles prennent tout leur sens une fois le film terminé, et justifient une deuxième vision pour voir à quel point la machination est ingénieuse. Car sous son esthétique colorée, Jewel Thief est un film bien plus intelligent et complexe qu’il n’y paraît.
Le scénario est d’une précision redoutable, Vijay Anand montre une maîtrise impressionnante qui n’a rien à envier à des films comme Le 6e sens et Usual Suspects. Il nous mène en bateau tout du long, déployant séquences de suspens réussies et fausses pistes, dont une tellement énorme qu’elle est imparable. Et même en le sachant à l’avance, on se fait quand même avoir !
L’histoire est pourtant assez simple, elle est racontée du point de vue de Vinay, ce qui permet au spectateur de s’identifier à ce héros perdu et de se perdre avec lui. Dev Anand dans le rôle-titre est égal à lui-même : bien qu’un peu vieillissant il reste convaincant et assez charismatique pour porter le film à la force de ses mimiques caractéristiques. Vijayantimala, plus gracieuse que jamais, illumine l’écran.
Jewel Thief est donc un très bon thriller, à la fois plastiquement soigné, et au scénario redoutable. Un film qui rassasie aussi bien les yeux que la logique cartésienne est devenu une chose tellement rare aujourd’hui que cela vaut bien la peine de faire abstraction de l’esthétique pour le moins colorée des années 60.
A voir aussi pour comprendre pourquoi Vijay Anand est toujours considéré comme le maître du thriller indien.