C.I.D.
Traduction : Crime Investigation Department
Langue | Hindi |
Genre | Drame |
Dir. Photo | V. K. Murthy, Anwar Pabani |
Acteurs | Waheeda Rehman, Dev Anand, Mehmood, Johnny Walker, Kumkum, Shakila |
Dir. Musical | O. P. Nayyar |
Parolier | Majrooh Sultanpuri |
Chanteurs | Asha Bhosle, Mohammad Rafi, Shamshad Begum, Geeta Dutt |
Producteur | Guru Dutt |
Durée | 146 mn |
Le directeur d’un journal est assassiné. L’inspecteur Shekhar (Dev Anand) en charge du C.I.D. (la police fédérale) mène l’enquête et ne tarde pas à arrêter le meurtrier. Mais celui-ci est retrouvé mort dans sa cellule, et tout accuse l’inspecteur de l’avoir torturé pendant l’interrogatoire. Il se retrouve poursuivi par ses collègues, et doit prouver son innocence en piégeant les auteurs de la manipulation.
C.I.D. est un film noir manifestement inspiré de ce qui se faisait à la même époque à Hollywood et en Angleterre.
Dev Anand dans le rôle principal ressemble d’ailleurs beaucoup aux acteurs hollywoodiens de l’époque : mêmes costumes, coiffure similaire. Il joue avec naturel : il n’avait pas encore contracté tous ses tics d’acteur qui vieilliront avant l’heure certains de ses films suivants. Shakila dans le rôle de l’héroïne est convaincante, mais éclipsée par Waheeda Rehman. Pour sa première apparition dans un film hindi, la toute jeune actrice crève l’écran. Elle joue une vamp qu’entoure un épais mystère. La caméra se focalise sur ses yeux et la rend fascinante. Johnny Walker, qui joue un voleur à la petite semaine, est comme toujours à mourir de rire.
La mise en scène est brillante, tant dans certaines scènes de suspens que les chansons on retrouve une maîtrise étonnante et qui n’a pas vieilli du tout.
Pourtant le film n’est pas vraiment rythmé, et c’est ce qui peut déranger. On s’attendrait à un polar rapide et effréné, qui nous crispe sur notre siège, mais pas du tout : il prend tout son temps ! Le début du film tout particulièrement réussi est suivi d’une course-poursuite… tout sauf palpitante, qui a de quoi désarçonner un spectateur d’aujourd’hui habitué aux polars nerveux à la David Fincher, et leur montage épileptique.
Mais après tout pourquoi se presser ? C.I.D. est un film d’une autre époque, où on ne courait pas tout le temps.
C’est aussi une ode à la ville de Bombay, qui est un personnage à part entière du film. Les allées sombres, les petits kiosques de vendeurs, Marine drive, les rues trempées… Khosla filme Bombay à sa façon, sublimée par la photographie en noir et blanc. Il chante Bombay même dans ses aspects les moins reluisants, à l’image de la chanson de Johnny Walker Yeh Hai Bombay Meri Jaan qui est devenue une sorte d’hymne.
Les chansons de ce film sont incontournables, car elles sont toutes devenues des classiques. O.P. Nayyar signe l’une de ses BO les plus populaires, et des chansons comme Leke pehla pehla pyaar (culte !) sont encore reprises en boîte de nuit aujourd’hui (remixées). Contrairement à maintenant où Lata Mangeshkar et Asha Bhosle dominent, à l’époque c’était Geeta Dutt qui était la chanteuse star, et à l’écoute de ces chansons on comprend vraiment pourquoi. Sa voix inimitable donne à elle seule une tonalité différente au film.
La mise en image est soignée et inventive, on y retrouve la patte du producteur Guru Dutt. Finalement, le fait que ce soit un thriller au rythme assez lent sert vraiment le film puisqu’il s’harmonise bien avec les différentes chansons. Elles ne sont pas des coupures mais arrivent naturellement et parfois font avancer l’histoire.
C’est un film intéressant à voir rétrospectivement, d’autant qu’il a plutôt bien vieilli. Probablement grâce à la classe du Noir et Blanc. Les polars sont redevenus à la mode il y a quelques années, avec des films comme le stylisé Company ou plus récemment le bourrin Shootout at Lokhandwala. Mais il ne faut pas oublier que le genre était déjà populaire dans les années 50-60. A chaque fois les réalisateurs indiens ont su y mélanger leurs propres spécificités. Les films récents, notamment ceux de RGV, empruntent le style des films hollywoodiens pour mettre en scène des faits réels de l’histoire criminelle de Bombay. C.I.D. procède de même en s’inspirant de l’esthétique du film noir, mais en prenant son temps et en chantant. Il est réputé comme l’un des meilleurs polars produits à cette époque.