Boys
Traduction : Les garçons
Langue | Tamoul |
Genre | Masala |
Dir. Photo | Ravi K. Chandran |
Acteurs | Siddharth, Bharath, Genelia D’Souza, Vivek , Manikanden |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Paroliers | Pa. Vijay, Vaali, Kabilan, Blaaze |
Chanteurs | Chinmayi Sripaada, Sadhana Sargam, Benny Dayal, Vasundhara Das, A. R. Rahman, Adnan Sami, Karthik, Clinton Cerejo, Lucky Ali, Kunal Ganjawala, Tippu, Timmy, S. P. B. Charan, Sunitha Sarathy, Anupama, Blaaze, Chitra Sivaraman, George |
Producteur | A. M. Rathnam |
Durée | 170 mn |
Parlons aujourd’hui d’un film que beaucoup connaissent, mais que peu avouent avoir vu, le fameux Boys.
Clairement un film mal-aimé à sa sortie par la génération des adultes, il a remporté tout de même un certain succès grâce au bouche-à-oreille chez les jeunes Tamouls (et surtout chez les jeunes Telugu), d’autant qu’il est entouré d’une aura de scandale, les parents interdisant leurs enfants d’aller voir ce film au cinéma ; il est ainsi devenu un must-see pour tout adolescent qui se respecte.
Qu’est-ce qui a bien pu choquer autant dans ce film ?
En regardant la couverture du DVD, vous vous faites une première opinion très rapidement. Couleurs fluo, cinq jeunes garçons et une fille au look… peu commun qui posent en faisant des grimaces, une police d’écriture déstructurée… oui, on ne peut que se trouver en présence d’un teenage-movie à la sauce tamoule, un American Pie version idlis…
Pour peu que vous ayez jeté un coup d’œil aux clips sur Internet avant de regarder le film, vous partez avec un a priori plutôt négatif.
Et pourtant, vous risquez fort d’être surpris.
Boys débute comme un film d’adolescents, cinq potes qui ne pensent qu’à une chose : aux filles. Le groupe se compose de Juju, Bob, Krishna, Kumar et Munna qui, lors d’une de leurs séances de drague, vont rencontrer Harini, jeune fille issue d’un milieu aisé. Bien entendu, Munna tombe immédiatement sous le charme et fera tout pour conquérir la belle.
Cette première heure et demie est ponctuée d’un humour un peu lourd parfois, il faut le reconnaître, et de situations que l’on peut qualifier de grotesques, mais qui dépeignent parfaitement le trouble ressenti face aux premiers émois amoureux, et qui sont accessibles à des spectateurs de toute origine. Deux scènes vous feront pouffer de rire si vous êtes assez ouvert d’esprit, la soirée en compagnie d’une prostituée, simplement typique de la vantardise masculine, et l’inoubliable course-poursuite sur un scooter avec l’un des héros en tenue d’Adam… Rien de bien extraordinaire pour le spectateur occidental, habitué aux films d’ados américains, mais un pavé dans la mare du cinéma indien…
Puis l’histoire prend peu à peu un tour plus dramatique et, on peut le regretter, plus classique… Munna et Harini sont amoureux mais leurs parents s’opposent à leur couple. Aidé par leurs amis et un "parrain" bien particulier, campé par Vivek, ils vont devoir apprendre à vivre seuls, et seront confrontés aux valeurs du travail et de la famille (Shankar ayant le bon goût de nous épargner ici un discours sur la patrie). Le film perd alors de son originalité pour se transformer en une comédie romantique comme on en voit régulièrement.
Boys est souvent pris à tort pour un film sur la formation d’un groupe de musiciens. En effet, il aborde ce thème, mais ce n’est que secondaire, car c’est avant tout un film de mœurs sur la jeunesse tamoule. On ne peut réellement parler de film social, mais comme à chaque fois Shankar tente de faire passer un message, celui de Boys serait plutôt adressé aux parents ("aidez vos enfants à passer le difficile cap de l’adolescence plutôt que de faire comme si ce problème n’existait pas"). On peut tout à fait ne pas apprécier les moyens qu’utilise le réalisateur pour parvenir à ses fins, mais on ne peut nier que sa tentative est fort louable.
Comme dans toute production indienne, la musique tient une place importante, a fortiori lorsqu’elle joue un certain rôle dans l’histoire. A.R. Rahman a signé une bande originale déroutante au premier abord, mais qui a connu un énorme succès commercial. Le chanteur Adnan Sami a même donné de la voix en tamoul pour le première fois sur cette bande originale.
Le problème majeur vient des clips. Shankar a voulu signer un film moderne aux clips jamais vus au Tamil Nadu. Pour cela, il a créé un personnage féminin en 3D que les garçons pourchassent dans Girlfriend, une bande de robots qui se déhanchent sur l’air de Boom Boom… Shankar a également expérimenté la technique dite du bullet-time, qui nous avait tant impressionnés dans Matrix, mais l’utilise de façon peu convaincante. Et l’apothéose du mauvais goût est atteinte avec les costumes tendance écolo du clip Boom Boom. Ce qui était censé impressionner le spectateur a bien mal vieilli, au bout de 5 ans seulement, et se révèle être le plus gros handicap du film.
Ce film plein de petits défauts et de grandes qualités repose pourtant sur six acteurs inconnus à l’époque, mais qui laissaient déjà entrevoir leur talent. Siddharth et Genelia, le couple principal, jouent très bien leurs personnages, leur histoire est mignonne et touchante. Ils se retrouveront quelques années plus tard dans l’énorme succès telugu Bommarillu, et se sont affirmés depuis comme les valeurs sûres de la nouvelle génération. Dans le lot des boys, on retrouve également un certain Bharath, à peine seize ans à l’époque qui, avec son acné, était loin du jeune homme charmant qu’il est devenu aujourd’hui, et encore plus loin de l’excellent acteur de Veyil ou Pattiyal, mais nous éblouissait déjà avec ses talents de danseur. Enfin, Nakulan devrait bientôt débuter sa carrière d’adulte dans le film Kadhalil Vizhunthen.
Boys n’est certes pas un grand film, mais il mérite mieux que le mépris qu’on lui accorde trop souvent.