Bluffmaster !
Traduction : Maître du bluff !
Langue | Hindi |
Genre | Comédie d’arnaque |
Dir. Photo | Himman Dhamija |
Acteurs | Abhishek Bachchan, Priyanka Chopra, Nana Patekar, Boman Irani, Ritesh Deshmukh |
Dir. Musical | Vishal-Shekar, Rajesh Roshan, S. D. Burman, Robert Uhlmann, Arash, Johan Bejerholm, Basu Manohari, TrickBaby, Sameeruddin |
Paroliers | Majrooh Sultanpuri, Sahir Ludhianvi, Jaideep Sahni, Anjaan, Vishal-Shekar |
Chanteurs | Sunidhi Chauhan, Kishore Kumar, Geeta Dutt, Abhishek Bachchan, Mehmood, Robert Uhlmann, Arash, Saira Hussain, Navin Kumar, Jeetendra Thakur |
Producteur | Ramesh Sippy |
Durée | 135 mn |
Bande originale
Sabse Bada Rupaiyya |
Say Na Say Na |
Right Here Right Now |
9 Parts of Desire |
The Gateway Theme |
Boro Boro |
Do Aur Do Paanch |
Indi-Yarn |
Neela |
Parde Ke Peechhe |
Come Fishing (Bluffmaster Theme) |
Right Here Right Now (Hip Hop Mix) |
Tadbeer Se Bigdi Hui Taqdeer (Destiny Mix) |
En savoir plus
Fiche IMDB |
Page Wikipedia |
Roy, un escroc professionnel (Abhishek Bachchan) a perdu sa petite amie Simmi (Priyanka Chopra) lorsqu’elle a découvert ses activités illégales. Déprimé, il fait la connaissance de Dittu (Ritesh Deshmukh), un petit arnaqueur amateur, qu’il décide de prendre sous son aile. Ensemble, ils préparent leur plus grosse escroquerie, qui vise Chandru (Nana Patekar), un propriétaire d’hôtel louche.
Deuxième réalisation de Rohan Sippy après la romance Kuch Naa Kaho, Bluffmaster ! est produit par son père Ramesh Sippy, connu avant tout comme le metteur en scène du classique des années 70 Sholay avec Amitabh Bachchan. Trente ans après leurs deux illustres géniteurs, voilà donc les deux fistons qui tournent ensemble (pour la deuxième fois même), puisque c’est Abhishek Bachchan qui tient le rôle principal de cette comédie d’arnaque. On peut d’ailleurs se demander si les auteurs n’ont pas voulu surfer sur le succès de Bunty Aur Babli, gros succès du printemps 2005 en Inde, dans lequel « Abi » jouait déjà un escroc.
En tout cas, l’humour est un peu plus fin ici et Abhishek, qui jouait ses scènes comiques avec une certaine naïveté dans Bunty Aur Babli, a plus de classe dans Bluffmaster !, il est plus mature et cynique, tandis que son histoire d’amour avec la sobre Priyanka Chopra est jouée assez sérieusement pour qu’on y croie. Film après film, il est en train de s’imposer comme l’un des acteurs les plus solides de sa génération, aussi à l’aise dans les films d’auteur (Yuva, Naach) que dans des registres plus légers. Loin de vivre dans l’ombre de son père, Abhishek préfère même s’amuser de cette parenté, laissant volontiers les scénaristes de Bluffmaster ! multiplier les clins d’œil à Amitabh, avec notamment des références à Sholay.
Le reste de la distribution vaut également le coup d’œil : le comédien Nana Patekar par exemple est excellent dans le rôle d’un grand caïd impitoyable, bien qu’on regrette le manque de cruauté de son personnage dans ce film qui vise le grand public. Mais même s’il est plus « inoffensif » que d’habitude, il reste l’acteur le plus impressionnant du film grâce à ses féroces one-liners (en français, ses « bons mots ») qu’on croirait sortis tout droit de la bouche d’un méchant de film d’action. Quant à l’excentrique Boman Irani, il semble s’être spécialisé dans les seconds rôles comiques originaux, composant un intéressant personnage de médecin hypocondriaque, même si son rôle est moins drôle que dans Main Hoon Na et moins consistant que celui du docteur Asthana dans Munna Bhai M.B.B.S., un personnage qui lui colle décidément à la peau.
Le film est doté de situations d’arnaque convenues mais divertissantes. On pense dans le genre au film argentin Neuf Reines. On peut d’ailleurs remarquer que Bluffmaster ! est résolument moderne pour un film hindi, et qu’il vise plutôt le public aisé des grandes villes. En effet, contrairement à une œuvre extrêmement traditionnelle, le film est plutôt court (2 heures ¼), le réalisateur préférant ne pas abuser des ingrédients du masala pour se concentrer sur son intrigue, ou du moins sur le fil conducteur qui relie les différentes escroqueries. Il ne s’attarde pas non plus sur sa sous-intrigue mélodramatique et nous épargne les longs discours grandiloquents, ce qui permet au tempo du film, un peu trop tranquille, de rester au moins régulier. Rohan Sippy choisit également de placer deux des chansons pendant les génériques pour qu’elles ne parasitent pas l’action, ce qui allège la comédie et contribue à son rythme. A propos des chansons, celles-ci sont typiques des films hindis contemporains, peu représentés parmi les œuvres beaucoup plus classiques qui sortent dans les salles françaises. Les clips sont visiblement calqués sur le modèle de MTV : montage cut, costumes occidentaux très « tendance », coups-de-poing américains portant les mots « Bluff » et « Master » inspirés du gangsta rap. Les musiques du duo à succès Vishal-Shekhar (Musafir, Dus) sont « urbaines », mêlant rap et techno, utilisant plus les beats que les percussions indiennes traditionnelles…
On peut certes regretter l’invraisemblable pirouette finale, qui donne la mauvaise impression que les scénaristes ne savent pas comment finir leur histoire, mais cela n’enlève rien à la relative qualité du film, qui nous est encore rappelée par le clip du générique de fin, une chanson R&B d’Abhishek semblant répondre directement à celle de son père qui clôt Bunty Aur Babli. Bluffmaster ! est peut-être la comédie hindi la plus légère depuis Munna Bhai M.B.B.S. (le rôle-titre devait d’ailleurs être joué à l’origine par le jubilatoire Sanjay Dutt), sans toutefois l’égaler, ce film est donc un agréable divertissement sans prétention, voire sans grande ambition, mais son jeune réalisateur, aidé par un casting de stars impeccable, sait rester modeste et éviter la superficialité et les temps morts, deux écueils classiques du cinéma de studio en général. En somme : distrayant, sans être abrutissant.