Bandini
Traduction : Détenue
Langue | Hindi |
Genre | Classique |
Dir. Photo | Kamal Bose |
Acteurs | Dharmendra, Ashok Kumar, Nutan, Tarun Bose |
Dir. Musical | S. D. Burman |
Paroliers | Gulzar, Shailendra |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Manna Dey, Mukesh, S. D. Burman |
Producteur | Bimal Roy |
Durée | 157 mn |
Tout commence à la porte d’une prison. Une jeune femme, Kalyani (Nutan) y fait son entrée pour avoir commis un crime. Peu après, elle se porte volontaire pour soigner une codétenue contagieuse et mise en quarantaine. Fasciné par sa beauté, sa discrétion et son dévouement, le docteur Devendra (Dharmendra) s’intéresse à elle. Il faudra alors faire face au passé de la jeune femme. Un passé qui commence par sa rencontre avec un « combattant de la liberté », (nous sommes avant l’indépendance) : Bikash (Ashok Kumar).
Bandini est un film que l’on pourrait qualifier de « calme ». Mis à part la scène où l’héroïne avoue le crime qui l’envoie en prison, pas la moindre violence explicite. Ce ne sont pourtant pas les excuses qui manquent. La première moitié du film se passe dans une prison et l’héroïne est notoirement une criminelle. Nous sommes à l’époque du Raj britannique et l’un des personnages principaux est un combattant de la liberté. D’ailleurs, on fait sa connaissance alors qu’il est sous résidence surveillée. Mais non, il n’y a que ce moment de folie de Kalyani qui vient pour bousculer ce monde trop bien rangé, trop conforme aux bonnes manières et au sens du devoir. Comme si la seule révolte qui avait sa place dans le monde était celle du cœur, de l’amour.
Heureusement qu’un jour l’actrice Devika Rani s’est enfuie avec son partenaire masculin, et qu’à son retour le mari bafoué (propriétaire du studio) lui ai imposé un technicien comme nouveau partenaire : Ashok Kumar. Sans cela le cinéma indien n’aurait pas connu ce grand acteur d’une présence incroyable à l’écran. Le film était terminé depuis quelque temps que j’étais encore captivée. Si Dharmendra est un beau jeune homme à l’époque de Bandini, Ashok Kumar, lui, est déjà entré dans la cinquantaine. Et pourtant il est facile de comprendre l’attirance et la fascination de la jeune Kalyani pour ce combattant de la liberté vieillissant et pourtant si magnétique. Il y a une moitié de film pour chacun des deux hommes, et en fil rouge : Kalyani.
Parlons-en de Kalyani. Au départ, le rôle devait être interprété par Vyjayanthimala, mais elle n’a pas pu à cause de son calendrier serré. Bimal Roy propose alors le rôle à Nutan qui a déjà joué sous sa direction dans Sujata. Elle vient de se marier et a fait une petite pause dans ses tournages. Peu importe, elle jouera Kalyani. Grand bien lui en a pris, pour elle, ce sera un Filmfare supplémentaire. Tout en sobriété, Nutan donne vie à cette petite campagnarde dont la vie est bouleversée par son amour pour un homme. L’actrice que l’on associe d’ordinaire à des personnages de demoiselles idéales devient ici une meurtrière. Un risque qui ne lui fait pourtant pas perdre son auréole, car, au final, Kalyani est surtout victime des conventions étouffantes de la société.
On s’attache au chemin pris par Kalyani, en espérant que cela se terminera bien pour elle. On se pose quelques questions. Et puis on intègre le paysage sans s’en rendre compte. Pour son dernier film, Bimal Roy nous offre une galerie de personnages secondaires inoubliables. Le responsable de la prison, profondément humain ; son sous-fifre déplaisant ; le supérieur anglais qui vient inspecter la prison et qui est d’une stupidité affligeante. Ce n’est pas qu’on le montre idiot, mais d’une méchanceté et d’une bêtise… mais oui, on écrase une pauvre fleur parce que ce n’est pas normal qu’il y ait quelque chose de beau dans une prison, pour des gens qui ne le méritent pas. La pauvre fleur n’avait pourtant rien demandé. La voilà exécutée. On croise aussi les combattants de la liberté, allant se faire pendre en chantant l’amour pour leur patrie ou renonçant à leur amour pour leur cause. On ne peut s’empêcher de les admirer.
Bandini est l’adaptation du roman bengali Tamasi, de Jarasandha (un ancien directeur de prison). Ce petit bijou en noir et blanc a rapporté en tout et pour tout pas moins de six Filmfares parmi lesquels ceux de meilleure actrice, meilleur film, meilleur réalisateur. La promesse d’un grand moment de cinéma pour le spectateur.