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8x10 Tasveer

Traduction : Image 8x10

Bande originale

Nazaara Ha
Hafiz Khuda
Aaja Maahi
I Got The Picture
Kuch Iss Tarah
Hafiz Khuda (Remix)
Nazaara Hai (Remix)
Aaja Maahi (Remix)
I Got The Picture (Remix)
Kuch Iss Tarah (Remix)

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 4 février 2014

Note :
(3.5/10)

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Jai Puri (Akshay Kumar) est un ranger qui vit près de Calgary, au Canada. Avec un collègue, il piste un braconnier. Même mis en joue par nos deux protecteurs de l’environnement, le scélérat trouve le moyen d’envoyer le piège à ours qu’il venait de poser au fond d’un lac à plusieurs dizaines de mètres de là. Avec un sourire satisfait, Jai retire sa veste, confie son arme à son partenaire, et pars dans une course éperdue qui se termine par une chute de 50m dans le lac. Quatre minutes sous l’eau plus tard, il sort victorieux avec le fameux piège à la main, la preuve dont la justice a besoin.

Jai n’est pas qu’un sportif incroyable, il dispose aussi du pouvoir paranormal de remonter dans le passé en se concentrant très fort sur une image. Mais la transe ne doit pas durer plus de 60 secondes, sans quoi il pourrait lui arriver malheur. Justement, son père, avec lequel il était en froid, vient de mourir en tombant de son bateau. Habibullah Pasha, dit « Happi » (Javed Jaffrey), un très étrange détective handicapé par des troubles compulsifs graves, arrive à le convaincre que ce n’est peut-être pas un accident. Alors Jai se résout à « entrer » dans la dernière photographie de son père, prise par sa mère (Sharmila Tagore) juste avant la chute fatale, dans l’espoir de trouver la vérité…

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Papa et Maman sont dans un bateau. Papa tombe à l’eau…

8x10 Tasveer est un thriller psychologique construit sur un modèle que le cinéma américain a décliné à l’envi depuis au moins 30 ans. Après The Dead Zone ou Intuitions, les capacités extra-lucides ne sont plus guère pour nous surprendre. Les histoires d’individus solitaires qui recherchent la vérité, alors que le tueur rôde sont innombrables. Dans Blow Out de Brian de Palma ou même le plus récent Whiteout avec Kate Beckinsale, pour n’en citer que deux au hasard, le procédé narratif est presque toujours le même. Le héros est seul à affronter le méchant qui ne se prive pas pour frapper malgré la traque. D’indice en fausse piste, il progresse vers le dénouement. Son entourage ne le croit pas, bien sûr, et essaye même de le dissuader d’aller plus loin. Il se trouve aussi toujours quelqu’un pour être de son côté, mais comment lui faire confiance ?

Le cinéma indien ne nous a pas habitués à ce genre très formaté. Nagesh Kukunoor a pris son courage à deux mains et a tenté de se couler dans le moule, en écrivant puis en réalisant le film. Il a appliqué la recette avec zèle. On pourrait se croire par moments dans un thriller américain, si ce n’est que Bruce Willis n’est pas là. Même la musique de fond pourrait être utilisée dans Troubles de Wolfgang Petersen sans qu’on se rende compte de la substitution. Tout est là. Mais dans le désordre. Et puis il a innové là où il ne fallait vraiment pas…

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Jai n’est pas mort. Il voyage juste dans le passé

Tout d’abord, on ne sait pas très bien à qui l’on a affaire. Les personnages ne sont pas vraiment des NRI (Non-Resident Indians) appartenant à une communauté immigrée dans ce lointain pays. Leurs manières, les intérieurs, leurs vêtements, tout laisse à penser qu’il s’agit de Canadiens ordinaires… qui parlent hindi. Ce défaut d’identité propre nous laisse imaginer un film américain pur jus. Mais on réalise rapidement, qu’il en manque la rigueur du scénario. Le détective handicapé, pourtant un personnage central, est totalement incongru. Pourquoi l’avoir affublé de TOC ? Qu’est-ce qui peut lui faire croire qu’il s’agit d’un meurtre d’ailleurs ? On n’en saura rien.

Nous ne saurons pas non plus d’où vient l’étrange pouvoir de Jai, ni la raison de la limitation à une minute pile de ses visions. D’ailleurs comment sait-il lui-même qu’il ne faut pas dépasser la minute fatidique ? Et quand il en sort bien fatigué, pourquoi lui faut-il une transfusion sanguine ? Même dans les parties en clair, le message est brouillé. Le spectateur bienveillant pourrait laisser passer tant d’incohérences qui culminent dans le « n’importe quoi » dans la dernière demi-heure. En revanche, le spectateur moins bon public pourrait s’en énerver jusqu’à pousser de hauts cris, lorsque le criminel et son mobile aussi invraisemblables que stupéfiants sont dévoilés.

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Voilà une bien méchante voiture

Le représentant de la société de production Percept, le dit clairement dans les bonus du DVD : « Cela va être une des plus grosses sorties par Percept. (…) Elle va amener la marque Percept Picture Company là où était la vision originale : construire une relation entre le consommateur et la marque Percept Picture Company. ». À l’écouter, on est pas très sûr de savoir qui est ce fameux consommateur. Nous peut-être… Toujours est-il qu’ils ont mis les moyens financiers en face de leurs objectifs marketing, en choisissant tout d’abord un acteur vedette de premier plan. Aksahy Kumar sortait des échecs consécutifs de Chandni Chowk To China et de Tashan. 8x10 Tasveer était l’occasion de se renouveler dans un genre plus sérieux.

Percept a beau être fier de sa « prise », Akshay ne semble pas très bien savoir par quel bout prendre son personnage absurde. Ayesha Takia, qui joue la petite amie de Jai, passe les trois quarts du temps dans son rôle habituel et parfaitement maîtrisé de potiche décorative. Elle surprend cependant dans le final en changeant totalement de registre. Ce court passage est peut-être une des raisons de voir le film. On ne peut pas en dire autant de la grande Sharmila Tagore à qui il n’a pas été donné grand-chose à faire. Javed Jaffrey — souvenez-vous, c’était le cow-boy de Salam Namaste — est étonnant. On ne sait pas bien si son personnage est comique ou tragique, il n’a aucun sens. Mais quelle jolie voix !

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Happi à une idée… entre deux tics

Avant 8x10 Tasveer Nagesh Kukunoor avait su réaliser des œuvres attachantes et authentiquement indiennes tels que Dor ou Iqbal. Mais à vouloir répondre aux sirènes commerciales internationales, il s’est perdu sur ce qui fait en général la faiblesse de Bollywood : l’écriture. Or il s’agit d’un élément clé d’un thriller psychologique, celui qui décide de son destin public. Les effets spéciaux ont beau être réalisés très correctement — les câbles sont invisibles —, les images peuvent être belles et le montage impeccable ; le film est difficilement regardable passé 12 ans.

Même si le DVD ne présente pas le traditionnel panneau « Intermission », il reste indien et se devait donc d’avoir des chansons. Elles sont au nombre de trois. Kuch Iss Tarah est une mélodie douce sans grand intérêt qui ne semble être placée que parce qu’il faut bien vendre aussi des CD. Nazaara Hai, jouée pendant le générique de début, est un rock plutôt énergique qui se laisse écouter avec plaisir. Le générique de fin a été confié au rapeur Bohemia pour I Got The Picture. Dans ce clip final qui n’a aucun rapport avec le film, Akshay Kumar nous offre la même tête que dans Om Shanti Om. Peut-être pour nous dire qu’en définitive, tout cela n’était qu’une blague.

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Guignol ! Guignol !

8x10 Tasveer est un peu comme le Canada Dry : il ressemble à un thriller psychologique américain, mais il est loin d’en être un. Si la réalisation est à la hauteur, l’histoire censée nous coller à l’écran ne fera sursauter que les plus jeunes. Les autres spectateurs seront au mieux surpris par tant d’incohérences. Le film a été un désastre commercial en grande partie mérité. Il reste pourtant qu’on ne s’ennuie pas. Et ce n’est déjà pas si mal.


Nazaara Hai

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