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Ajnabee

Traduction : L’étranger

Bande originale

Mohabbat Naam Hai
Mehbooba Mehbooba [Ajnabee]
Meri Zindagi Mein Ajnabee
Mujhko Neend Aa Rahi Hai
Dance Music [Ajnabee]
Kaun Main Haan Tum
Kasam Se Teri Aankhen Aaiya Re Aaiya
Jab Tumhe Aashiqui Maloom
Mehbooba Mehbooba (E-Groove Mix)

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 10 mars 2009

Note :
(7/10)

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Raj Malhotra (Bobby Deol) et Priya (Kareena Kapoor) tombent amoureux et ne tardent pas à se marier. Ils décident d’aller vivre en Suisse. Pure coïncidence, leurs voisins, Vicky (Akshay Kumar) et Sonia Bajaj (Bipasha Basu) sont également indiens. Les deux couples sympathisent. Lors d’un voyage à l’île Maurice, Vicky fait comprendre à Raj qu’il aimerait beaucoup échanger provisoirement sa femme avec celle de son nouvel ami. Raj proteste violemment, et tous les deux restent en froid pendant un certain temps après leur retour en Suisse. Progressivement réconciliés, les deux hommes se saoulent un soir pour fêter l’anniversaire de Vicky. Alors que ce dernier mentionne une nouvelle fois son idée d’échange d’épouses, Raj perd connaissance. A son réveil, il se retrouve chez Vicky à côté du cadavre de Sonia…

Connus à Bollywood comme les rois du thriller, les deux frères Abbas-Mustan sont en tout cas les rois du remake, plagiant régulièrement les scénarios de films américains, qu’ils soient « célèbres » (Humraaz est un remake de Meurtre Parfait avec Michael Douglas, lui-même remake d’un vieil Hitchcock) ou pas (pressentant adroitement les procès intentés contre des Bolly-copieurs, comme David Dhawan et son Partner avec Salman Khan, remake illégal d’un film de Will Smith, ils n’hésitent pas à piocher dans des séries B de vidéo-clubs méconnues en France). Une quasi-constante assez paradoxale toutefois : ils savent trousser des suspenses qui prennent leur temps tout en étant efficaces, l’original américain de moins de deux heures étant généralement dilué dans un film d’un peu plus de deux heures et demie agrémenté de chansons qui ont pour but de faire baisser la tension à intervalles réguliers.

Avec Ajnabee, ils rejoignent l’une des grandes tendances des années 2000 à Bollywood, qui consiste à remaker les gros succès hollywoodiens avec 10 ans de retard : anticipant des films comme Kaante, qui est dans sa deuxième partie un efficace plagiat de Reservoir Dogs, et Phir Milenge, une touchante version féminine de Philadelphia, ils signent ainsi avec ce film le remake de Jeux d’Adultes de Pakula, un long-métrage du début des années 90.

Mais entendons-nous bien, s’ils n’ont pas un grand mérite scénaristique, les deux frères réalisateurs sont d’honnêtes artisans, et Ajnabee est l’un de leurs meilleurs films, typique de leur maîtrise des films de genre : commençant comme un film noir à l’eau de rose (comme dans leur film plus récent Naqaab), ce drame de couple(s) bascule progressivement dans un efficace suspense à base d’innocent accusé à tort (ah, l’inspiration hitchcockienne !) mâtiné de scènes de procès (que le duo perfectionnera dans Aitraaz). Ce qui rend le film très agréable, et même légèrement jubilatoire sur la fin, c’est que les réalisateurs savent parfaitement s’approprier les multiples rebondissements de plus en plus invraisemblables du scénario américain tout en maintenant un rythme raisonnablement régulier. Et à Bollywood, cette grande spécialité narrative d’Abbas-Mustan est encore d’une relative originalité au début des années 2000, avant l’apparition de films de genre plus réalistes comme les productions de Ram Gopal Varma (Ek Hasina Thi) ou les films bénéficiant de scénarios originaux de Shridhar Raghavan (Khakee, Apaharan).

S’il est moins fin que ces films-là, Ajnabee n’en reste pas moins un solide divertissement aux gros rouages bien huilés et aux chansons agréables, une vraie qualité pour un film au charme déjà un peu rétro. Abbas-Mustan savent malicieusement tirer les ficelles de ce qui se veut un thriller délicieusement amoral, et qui réussit d’ailleurs à l’être par rapport au cinéma hindi de l’époque.

La réussite du film est aussi due à son quatuor d’acteurs, le meilleur étant sans conteste le viril Akshay Kumar dans son rôle de voisin blagueur et pervers (c’est lui l’« étranger » du titre). Le rigolo Bobby Deol est aussi très sympathique en homme naïf qui se fait rouler, un personnage pas très malin qui lui va comme un gant et auquel, mine de rien, on finit forcément par s’attacher, au moins au second degré. Quant aux deux personnages féminins, ils sont moins mémorables et, si Kareena et Bipasha sont bien dirigées au sein de ce multi-starrer, on aurait très bien pu effectuer un échange d’épouses au moment du casting sans que cela ait affecté les qualités du film. En revanche, dans la fièvre d’échangisme puritain si particulière qui étreint le film, il est très profitable que les deux rôles masculins n’aient pas été permutés (Bobby aurait été moins bon qu’Akshay en voisin), cela aurait risqué de rendre le film ridicule, une impression qui n’est de ce fait que vaguement esquissée lors des diaboliques rebondissements en cascades que se renvoient les protagonistes comme une patate chaude toutes les demi-heures.

Vous l’aurez donc compris, Ajnabee n’a peut-être pas grand-chose d’un suspense ébouriffant, mais c’est un véritable petit plaisir extrêmement sympathique offert par deux réalisateurs généreux, qui semblent s’amuser tout autant que le spectateur à distiller leurs coups de théâtre farfelus tout le long de ce film où l’on ne s’ennuie jamais. Moins pataud que leur film du semestre précédent de 2001, Chori Chori Chupke Chupke, un original triangle amoureux avec une mère porteuse, Ajnabee est un savoureux remake à rebondissements multiples servi par des stars glamour, qui évite à peu près le grotesque de certains autres films plus mineurs concoctés par le duo de cinéastes. Trois ans plus tard, Abbas-Mustan affineront même la formule avec Aitraaz, le remake réussi, voire amélioré, de Harcèlement, dans lequel ils reprendront le très beau couple que forment à l’écran Akshay et Kareena.

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